lundi 5 mars 2012

ANDAMAN ISLANDS 3/4




Détente ou apéro sur le pont du Scame sont de mise entre et après les sessions. Il fait très chaud et l'ombre est une rareté appréciable et recherchée de tous. Quelques bières locales ou thaïlandaises sont les bienvenues pour faire redescendre la température corporelle!




Janine et Daniel nous concoctent d'excellents petits plats comme toujours! Et on sait bien que les sessions surf ça creuse!







La houle est rentrée. De l’horizon, on voit arriver de grandes plissures sur la surface de l’eau. Nous tentons, au sud, une vague qui déferle sur une longue pointe rocheuse et que nous appelons, sans originalité, « Dolphin point » à cause de la présence régulière des dauphins. C’est un gros slab avec un tube violent, la vague est puissante, il y a peu d’eau, seuls s’y jettent les plus téméraires. Teiki colle quelques tubes sous la lèvre épaisse qui tend à l’horizontale comme un petit Teahupoo, avant de rattraper une deuxième section plus tranquille, mais tout aussi tubulaire.






Nous remontons surfer plus au nord cette fois, car nous voulons voir marcher Jarawa avec une grosse houle. Il faut ancrer le bateau plus loin que d’habitude car le swell a tellement grossi qu’un haut fond casse au large de la baie. Jarawa a doublé de taille. Un bon huit pieds à la série assure quelques sessions épiques. La houle tient plusieurs jours, les campeurs sont partis, la vague est vierge et il n’y a plus qu’à ramer sur cette masse mobile qui, dans le transitoire, s’ouvre en une épaule verticale. C’est l’occasion rêvée de tester les planches que David a apportées, dans un trip où sont idéalement réunis shaper et team rider. Quel meilleur laboratoire pour essayer et analyser différents types de shapes. Le surf, c’est comme un diagramme inépuisable: infinité des vagues, infinité des shapes, infinité des figures et des courbes, infinité des rencontres.





Mickaël


Jérome


Teiki


David


David


Teiki


Teiki


Teiki


Teiki

Nous retrouvons Muthu, quelques jours plus tard, à Cemetery point. La plage, superbe, est bordée de cocotiers (les premiers que nous voyons) plantés par les villageois qui viennent des îles Nicobar voisines.




Les pêcheurs mettent à l’eau leurs pirogues à balancier traditionnelles entre les deux vagues qui déferlent à droite et à gauche de la baie.





Muthu se met à l’eau avec nous devant un attroupement de locaux curieux, avec la petite planche donnée par Teiki. Le sourire qu’il arbore à chaque vague prise est communicatif. Un jeune indien tente de se mettre à l’eau avec un grand morceau de bois flottant en guise de planche, mais le bois qu’il a choisi est rond et ses essais forcément infructueux, si bien qu’au final, Muthu le fait ramer un peu sur sa planche. Chaque dimanche, il emmène surfer des enfants avec des planches de bois, il nous dit vouloir monter une école, mais sans planche de surf, ce n’est pas chose facile.























Je repense à cette phrase de Michaux qui disait qu’un voyage est avant tout un « appauvrissement », un certain délestage qui permet de renouveler notre regard sur le monde, un engagement du corps et de l’esprit à expérimenter différemment ce qui nous entoure. Sans doute en sommes nous encore loin, nous qui venons d’un monde où la matérialité est une finalité. Mais voir ces jeunes indiens s’amuser dans les vagues avec ce morceau de bois était une leçon d’humilité. Sur la plage, le pied d’un arbre est jonché de vieux vêtements, ce sont ceux des victimes du tsunami, laissés là tel un monument aux morts improvisé. D’où le nom de cet endroit, pourtant si beau, « Cemetery point ».

A suivre...