lundi 7 novembre 2011

STORY OF A WATERMAN


La première rencontre avec Brun remonte à 2005, aux îles Telo, au large de Sumatra, entre Nias et les Mentawai. Nous étions sur le Scame, Brun naviguait sur son voilier avec des potes. Quel ne fut pas notre étonnement de voir quelqu'un en fauteuil, sur un bateau, si loin de tout...
Cet automne il est passé en France, l'occasion de faire une petite session avec lui et de vous raconter son histoire...


Brun et Charlotte

Brun est un waterman, au sens le plus complet du terme. Excellent nageur, navigateur hors pair, surfer et plongeur, il est plein d'une énergie charismatique et d'une passion pour la vie qui l'ont toujours poussé à abandonner la routine pour une vie d'aventure.


Brun, Telo islands, 2005

Né en Rhodésie (Zimbabwe actuel), Il a grandit au milieu de la nature et des animaux sauvages. Bien que vivant en plein milieu de terres sans mer ni océan, il attrapa sa première vague de vent à l'âge de sept ans sur le lac Kariba... sa passion pour l'eau et les vagues était née.

Avec un père italien, une mère rhodésienne et un beau-père danois, Brun a vécu une vie nomade, surtout après que sa famille doive fuir la guerre civil en Rhodésie. Brun est allé dans 14 écoles différentes pendant que ses parents couraient après l'argent: pêcheurs sur le lac Kariba, fermiers en Afrique du sud, miniers au Zimbabwe, avec des passages au Portugal et au Danemark. A l'âge de 14 ans, il trouve l'école parfaite, avec vue sur les vagues près de Durban en Afrique du sud. Là, il va négocier régulièrement des leçons de surf et avoir très tôt l'opportunité de s'entraîner comme sauveteur en mer et de travailler sur les plages après l'école.

Brun servit dans la marine sud africaine, naviguant au Japon, à Hong Kong, à Taiwan, en Corée et à Singapour. Avec le nouveau gouvernement sud africain, le service militaire devint facultatif. Il quitta la Marine pour parcourir le monde et surfer, mais finalement se retrouva dans une forêt danoise où il travailla comme bucheron! Puis il fut maître nageur sauveteur au lac Serpentine, à Hyde Park à Londres, enchaînant d'autres petits boulots comme pédaler sur un vélo pour des essais cliniques hospitaliers, monter des murs en brique ou travailler comme barman, vivant chichement de noodles à 1 livre.

Désireux de challenges plus intenses, Brun rejoignit la marine danoise, travaillant comme infirmier et s'entraînant comme tireur d'élite. Au début, il ne parlait que quelques mots de danois, mais usant du charme de son côté italien, il réussit à convaincre la marine qu'ils avaient réellement besoin d'un surfer végétarien peace and love d'origine rhodésienne au sein de leurs forces! Aux vues de ses performances il fut très vite sélectionné pour s'entraîner avec l'élite des hommes-grenouilles danois.



Après s'être amusé avec l'équipement higthtech de la Navy danoise, Brun était en manque de soleil et de vagues. En 1997 il travailla comme premier équipier sur un yatch de 54 pieds autour de la Thaïlande et de l'Indonésie. Promu skipper il conduisit le premier surf charter sud africain pour surfeurs pro à Sumatra. En décembre 1998, alors qu'il était en Afrique du sud pour un trip, la voiture dont il était passager fut prise pour cible par des malfrats, à Cape Town, et la tentative de braquage se termina par un terrible accident de la route. La moelle épinière touchée, Brun devint paraplégique et perdit l'usage de ses jambes.

Pour beaucoup de sportifs c'est la fin. Mais Brun s'engagea alors dans un combat plus moral encore que physique. Il se rendit à Mexico pour des recherches consistant à injecter des cellules de requin bleu dans la moelle épinière. Puis il traça sur la côte mexicaine en quête de vagues. Après plusieurs jours de flat et d'attente, il était devenu la blague des locaux qui lui lançaient " Still here gringo? Is today the day?". Pourtant, la première vague qu'il réussit à prendre, toute petite, ne fut pas moins que la plus exaltante de toute sa vie! Moins de deux ans après son accident, il était de retour sur un bateau, navigant sur un trimaran de 60 pieds sous le commandement de Trevor Jones, un ex pilot d'hélicopter militaire tétraplégique dont la devise est "tu peux le faire"...

En 2002, il trouva des sponsors pour l'aider dans le financement de la construction d'un catamaran de 38 pieds adapté aux personnes en fauteuil, à Durban. Mais le bateau coula à cause d'un défaut de fabrication dû à la négligence du chantier naval. Pas très content, Brun vendit le bateau et décida de faire lui-même ce que l'usine avait raté. Il se transforma en mécano-MacGyver, acheta un monocoque de 38 pieds mal entretenu, un van, et, avec quelques pennies en poche, aménagea le bateau pour naviguer vers le Mozambique.

Après une année de navigation, il s'était aguerri dans la conduite d'un bateau en chaise roulante. Il échangea son monocoque contre un vieux catamaran de 46 pieds qui avait plus de 30 ans, mais qui, pour lui, était entre ses mains, comme une Ferrari, un bolide de course. Après quelques nouvelles adaptations réalisées sur le voilier, il partit en compagnie de James Taylor en 2004, avec un sac de riz, des oignons et des fusils harpons, de Durban vers le Mozambique, puis autour de Madagascar et enfin jusqu'aux Maldives où ils trouvèrent des vagues parfaites qu'ils surfèrent seuls pendant trois mois. Ils arrivèrent en Thaïlande en décembre 2004, se basant à Pucket. Lorsque le tsunami arriva, Brun était seul dans le bateau, il survécu miraculeusement en traçant à fond vers le large, passant au travers d'une série de quatre gigantesques vagues. Après le désastre que fut le Tsunami, Brun offrit ses services et ceux du bateau pour faire de l'humanitaire, puis continua à surfer en Indonésie.

Durant 6 années, il vécu à Bali, faisant des charters, promouvant auprès des locaux l'accès aux chaises roulantes et au surf pour les handicapés. Il vendit le bateau, s'installa dans la jungle balinèse près d'une vague parfaite - une petite retraite idéale - se rendant à la plage en quad et surfant à n'en plus pouvoir, accompagné de deux chiens errants sauvés par ses soins. L'attraction de l'océan étant la plus forte, l'opportunité d'un nouveau bateau appela de nouveaux départs. Donc, bateau numéro 4, un catamaran de 50 pieds, là encore en mauvais état. Avec sa petite amie Charlotte, sa mère, son père, et un ami, il travaillèrent à sa remise en état pendant un an, 7 jours sur 7, à Durban. Le catamaran, "Spartam", fut baptisé en avril 2010. Il parti avec 4 navigateurs inexpérimentés le long de la côte Est africaine jusqu'au Kenya, mais il faillit ne pas pouvoir retourner en Afrique du Sud à cause des pirates somaliens, il réussit quand même à ramener le bateau en 2011 à Durban, traversant des mers dangereuses et essuyant beaucoup de vent. Aujourd'hui, Brun est à nouveau en train de naviguer, il traverse l'océan atlantique sur Spartam avec Charlotte pour se rendre au Brésil. C'est là que vous pourrez peut-être le croiser...

Autant dire que, vous l'aurez compris, pour Brun, escalader, même en fauteuil roulant, les dunes girondines, cela ne lui fait pas peur. Nous voilà donc partis, par une belle journée d'octobre qui s'annonçait off shore, pour une aventure toute relative, mais néanmoins super sympa: une petite session entre potes....

Bon, c'est vrai que c'était pas la dune du Pyla.. mais je vous garantis qu'en fauteuil c'est plutôt épique.... et que la moindre petite dune devient un sommet himalayen.


Charlotte porte la planche de Brun



Les garçon se relaient.... tirent Brun dans son fauteuil, puis portent Brun d'un côté, le fauteuil de l'autre....

et c'est le sommet.... ouf!!!!

Un ami sud africain de Brun et Charlotte



Tout le monde est en tout cas bien récompensé des efforts fournis, car les vagues sont au rendez-vous, le vent d'Est est établi, et le spot est VIERGE! Brun se met à l'eau en rampant dans le shore break, il surfe une planche normale, aux alentours de huit pieds, ce qui lui permet d'avoir tout le corps dessus et de ne pas se blesser. Dans l'eau il s'attache juste les deux jambes ensembles pour qu'elles restent solidaires et ne se baladent pas dans tous les sens. Après c'est que du bonheur!


Brun et Maka (de Bali), le surf à deux c'est plus rigolo!















Brun se hisse sur le sable


David et Maka


Loïc


Maka, Cyril, séance muscu!


Maka, Brun, David, Cyril



Brun est comme sur la photo, toujours souriant, toujours le mot pour rire, son entrain et son charisme son communicatifs. Il vit sa vie à fond, de façon entière et passionnée. Il fait parti de ses gens qui sont pleins d'un élan vital et d'une énergie débordante. Pour ces raisons c'est un exemple pour nous tous, ses amis.



Thank you Charlotte for the biography and the spicy details!

Ci-dessous un teaser sur Brun: