Les dangers de la mer ont eux aussi leur relativité, et si, pour le nageur estival les baïnes sont fourbes et périlleuses, elles sont une aubaine pour le surfeur car elles attestent d'un banc de sable bien formé et de vagues potentielles. Et voilà donc l'homme imprudent les deux pieds sur sa planche glissant sur une vague, tandis que les baigneurs, de l'eau jusqu'à la taille, s'interrogent sur les motivations de cette lutte à contre courant pour rester au pic... (Et ce jour là, du courant, il y en avait...). Frédéric Schiffter, dans sa Petite philosophie du surf, nous donne un semblant de réponse qui, si elle peut paraître évidente pour nous surfeur, renferme bien des mystères pour nos amis plagistes:
"Que la vie trouve dans la joie, la plus insensée des émotions, l'énergie même qui la justifie, voilà qui aggrave sans doute l'absurdité, voire la folie - mais une folie dont le surfeur ressent les bienfaits et tire, à son insu, une sagesse. Le désir qui le porte à aller s'aventurer sur l'océan, là où les dieux jouent avec la vie, peut, à raison, aux yeux du profane, paraître fou. Seulement, ce dernier ignore qu'une heure passée à surfer est une heure de vie concentrée en un ici et maintenant hors de tout soucis du passé et du futur - euphorie d'un temps aboli que les philosophes appellent béatitude et, à en croire certains témoignages, que le fugitif passage dans un "tube" donne à éprouver sur le mode de la jouissance".
Photo et texte: Frédo